-Liibre- Le narcissisme peut parfois causer de gros ennuis...

Il n'y avait pas de vent. L'absence de cette sensation frustrait profondément Frühling. Elle arrêta de marcher pour observer son reflet dans une flaque d'eau. Les grands arbres feuillus cachaient avec obstinations les rayons célestes du Soleil. Cette route était si triste... Il ne semblait y avaoir aucun signe de vie autre que végétal dans ce silence de mort. Tout semblait disparu, enfoui, comme si quelque chose arriverait bientot. Commme si la forêt tout entière retenait son souffle. Mais quoi?
Elle sentit une légère angoisse naître en elle et elle détacha ses yeux bruns de son reflet bien-aimé. Elle reprit sa marche, le bruit de succion de chacun de ses propres pas sur la terre humide résonnant dans ses oreilles. Elle leva sa truffe humide et huma l'air. Il n'y avait rien d'autre que l'odeur de l'humidité et de l'humus. Rien d'autre. Aucune proie, juste les fleurs, les plantes, pas de proie...
Elle s'arrêta à nouveau. Devant elle, le chemin ombragé semblait s'étendre à l'infini... Jusqu'où irait-elle avant de renoncer? Elle soupira. Elle ne voulait pas faire demi-tour maintenant...
D'ailleurs, comment avait-elle atterri ici? Elle ne serait pas venue ici de son plein gré, elle n'était pas folle!
Mmh, en y réfléchissant...

Un peu plus tôt

Les oiseaux chantaient à la gloire de l'astre diurne dans la forêt. Les végétaux diffusaient une lumière tamisée. il faisait chaud. Frü était en longue conversation avec son reflet, occupée à se regarder dans un ruisseau illuminé et brillant. Finalement, Frü-ruisseau sourit à Frühling, lui fit un clin d'oeil, et dit lui dit qu'elle était belle. Bref, après cette longue et palpitante conversation, Frühling, aux anges; se leva et finit par marcher droit devant elle. Voilà comment elle était arrivée ici.

Un hurlement retentit dans le lointain et Frü retint de justesse un sursaut. Ce cri marquait un tel contraste avec le silence de cet endroit lugubre...
Une fine brise - ah miracle, elle était si heureuse de sentir du vent sur son pelage! - lui apporta une odeur inconnue. C'était un être canin, mais la brise s'arrêta très vite, empêchant toute réflexion approfondie sur cette odeur. Elle se concentra, méfiante. Tant qu'elle n'était pas certaine que les intentions de cet inconnu étaient pacifiques, elle devait être prudente.
Alors, soudain, dans un éclair de fourrure grise, elle la vit.
C'était un chiot, une petite boule de poils indomptable, un petit monstre, bref, comme tous les chiots.
Frühling sentit un long frisson la parcourir tandis que son regard parcourait la petite.
C'était un chien-loup.
Une vague de dégoût s'empara d'elle. Cette créature était le fruit de l'amour d'un chien et d'un loup, elle était à la fois dans son camp et dans le camp adverse. C'était une erreur, oui tout simplement une erreur de la nature, une créature des plus abjectes.
La question de la petite boule de poils fit bouillir son sang en elle.

"Tu vas me faire du mal ?"

Elle sentit ses babines tenter de se retrousser dans un mouvement convulsif, et elle lutta pour les garder baissées.
*C'est un chiot!*
Elle sentit le désir de planter ses crocs dans la chair ferme de la chienne, et lutta pour garder son calme.
*C'est un chiot.*
Oui, c'était vrai, ce n'était qu'un chiot. Elle ne pouvait pas se défendre.
*C'EST LE SYMBOLE DE LA TRAHISON!*
Kyaaaah Frü sentait une indécision croissante s'emparer d'elle. Elle avait envie de tuer ce chiot, et en même temps ce n'était qu'un chiot, ce qui était la seule chose qui parvenait encore à la retenir de tuer cette petite chienne.

[Trop à la bourre désolée >.<]

L'esprit de la chienne se mit à bouillir furieusement. Des MENACES? Cette pauvre abrutie de sang-mêlé comprenait-elle la situation où elle était ou bien était-elle complètement stupide??? Ses babines se retroussèrent pour laisser apparaître des crocs aiguisés. Rien ne la retenait de planter ses crocs dans cette jeune chair, si?
Frü cligna lentement des yeux. Elle sentait deux forces opposées livrer un combat sans merci dans son cerveau.
Cette petite chienne connaissait-elle seulement la taille de la trahison dont elle était le symbole? Savait-elle que ses parents était des traîtres, qu'ils avaient échappé à toute règle, trahis leurs familles, leur sang, leurs races?
Si elle ne le savait et qu'elle devait mourir prématurément, elle méritait au moins de savoir, non?
Les paroles de Frühling franchirent ses crocs blancs dans un grondement continu.

- Si tu es née, ce n'est pas ta faute, mais celle d'autres. Tu n'es pas la seule qui mérite la mort dans cette trahison du sang. Et ceux qui ont choisi le fait que tu sois la proie des hommes et des chiens sont tes parents, et te mettant au monde.
Et, détrompe toi, personne ne peux pas rien faire à ta naissance, il suffirai de te tuer, pour mettre à terme à ce problème.

Elle fixa la petite en silence. Comment réagirait-elle face à une telle accusation? Elle devait souvent y avoir été sujette. Peut-être avait-elle toujours vécu recluse pour protéger sa vie. Elle observa cette petite en silence et comprit qu'elle n'était pas capable de la tuer, tout simplement parce qu'elle était si jeune. Elle avait encore tant de choses à voir, à faire avant de rejoindre leurs ancêtres! Comment faisait-elle pour être aussi insouciante?